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Le 1er septembre les Singapouriens, éliront leur nouveau président.

Après six ans, Madame Halimah Yacob, l'actuelle présidente de la République de Singapour, arrive au terme de son mandat et ne souhaite pas se représenter. Des élections présidentielles vont avoir lieu le 1er septembre pour lui désigner un successeur. Mais quels sont ses pouvoirs, quelles sont les conditions pour être candidat, et comment se déroulent les élections ?

Singapore President of the Republic National Day Parade 2023Singapore President of the Republic National Day Parade 2023
Madame Halimah lors de la dernière Fête Nationale (copyright Business Times)
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 28 août 2023, mis à jour le 29 août 2023

Un pouvoir limité, typique d'un régime parlementaire 

Comme la plupart des anciennes colonies britanniques, Singapour, à son indépendance, s’est largement inspiré du « système de Westminster », régime parlementaire du Royaume Uni, où le véritable chef de l’exécutif est le Premier ministre et où le chef de l’Etat n’a qu’un pouvoir très limité.

A Singapour les deux principaux « pouvoirs » du Président sont de veiller au bon usage des réserves financières de Singapour (les deux fonds souverains GIC et Temasek, et les réserves de la banque centrale) et à l’intégrité des services publics.

Par ailleurs, il nomme le Premier ministre et peut s’opposer à une demande de dissolution du Parlement, de nomination d’un haut-fonctionnaire, ou de projets de loi affectant les réserves de Singapour et le CPF (qui s’apparente à notre sécurité sociale). Il a aussi un droit de grâce.

Avant de prendre ses décisions, le Président doit obligatoirement consulter le « Council of Presidential Advisers », comité composé de huit membres désignés par le Président lui-même, le Premier ministre, le « Chief Justice » (équivalent du Premier Président de la Cour de Cassation en France), et du président de la commission du service public.

Des conditions de candidature drastiques 

En France, les conditions pour être candidat sont assez simples : avoir la qualité d’électeur (et donc être français et âgé de plus de 18 ans) et obtenir les signatures de 500 élus. Cela explique en partie la profusion de candidats qui caractérise notre pays (12 en 2022 !).

A Singapour, les conditions sont beaucoup plus strictes. Il faut tout d’abord qu’il ait la qualité d’électeur, qu’il soit singapourien et âgé de plus de 45 ans. Mais il doit encore avoir résidé à Singapour durant les dix dernières années, ne pas être membre d’un parti politique, et surtout convaincre le Comité des Elections Présidentielles de son intégrité, de la qualité de son caractère et de sa réputation. Il doit enfin satisfaire un certain nombre de critères destinés à s’assurer de sa compétence. Une personne issue du secteur public doit avoir notamment occupé avec succès un poste de responsabilité dans la très haute fonction publique, tandis qu’une personne issue du secteur privé doit avoir notamment exercé la fonction de directeur général d’une société au capital de plus de 500 millions de SGD. Il revient au Comité des Elections Présidentielles d’apprécier la satisfaction de ces divers critères d’éligibilité.

Les candidats retenus par ce comité doivent déposer une somme de 40500 SGD, qui ne sera remboursée que si le candidat obtient plus de 12,5% des bulletins exprimés. Le financement des campagnes est très encadré : par exemple, aucune donation de personnes ou organismes étrangers n’est autorisée et les donations de plus de 10.000 SGD de la part de la même personne durant une année doivent être déclarées. Comme en France les dépenses de campagne sont plafonnées.

Par ailleurs, pour assurer la diversité raciale du poste, une nouvelle règle a été introduite en 2017. Si aucun membre d’une des trois communautés qui composent la société singapourienne (chinois, malais, indiens et autres) n’a occupé le poste durant les 5 précédents mandats, seuls les membres de cette communauté peuvent se porter candidat, sachant qu’ils doivent bien sur satisfaire à tous les autres critères cités précédemment.

Tout cela fait que les candidats se font rares et sont parfois désignés sans vote. En 2017, suite a ce dernier amendement, il n’y en a eu qu’une, car aucun autre candidat d’origine malaise (communauté sans président dans les 5 précédents mandats) ne s’est présenté. En 2005, personne ne s’est déclaré face au président sortant. Mais en 2011, il y a eu 4 candidats, les deux premiers finissant au coude à coude (35,20%/34,85%). Cette année 6 candidats se sont déclarés, dont 3 ont été adoubés Comité des Elections Présidentielles.

Singapore presidential elections 2023 eligibility criteria
Les principaux critères d’éligibilité (copyright SeedlyReads)

 

Un calendrier très serré conduisant à une campagne de quelques semaines seulement

L’élection doit avoir lieu avant l’échéance du mandat du président sortant. Le mandat de Madame Halimah s’achève le 13 septembre. Mais ce n’est que le 11 août que le calendrier officiel de l’élection a été dévoilé par le Premier ministre. Cela n’a pas empêché des candidats de se déclarer quelques semaines en avance.

Les candidats avaient jusqu’au 17 août pour déposer leurs dossiers de candidature. Les certificats d’éligibilité ont été adressés aux 3 candidats retenus le lendemain. La confirmation des noms des candidats (qui peuvent toujours renoncer à se présenter même s’ils sont éligibles) a eu lieu le 22 août (« nomination day ») et le vote aura lieu le 1er septembre (« polling day »). Comme en France, il ne doit pas y avoir de propagande électorale la veille du scrutin.

Cela fait donc des campagnes très courtes, comparées à celle auxquelles nous sommes habitués dans les démocraties occidentales.

 

President of the Republic of Singapore cot of arms
Les armoiries de la Présidence de la République de Singapour

 

Une élection au suffrage universel 

Le Président de la République de Singapour est élu pour six ans. Il n’y a pas de limite au nombre de mandats que la même personne peut exercer.

Depuis 1993, le Président est élu au suffrage universel direct a un seul tour. Auparavant, il était désigné par le Parlement.

Les électeurs sont les Singapouriens de plus de 21 ans inscrits sur les listes électorales. Le vote est obligatoire, sous peine d’être radié des listes électorales. Jusqu’alors les Singapouriens vivant à l’étranger devaient se rendre dans une des dix villes désignées au niveau mondial pour pouvoir voter, ce qui décourageait pas mal d’entre eux. Cette année, pour la première fois, le vote par correspondance est possible uniquement pour les Singapouriens résidant à l’étranger. Le vote par procuration n’existe pas à Singapour.

 

Singapore Istana
L’Istana, siège de la Présidence de la République de Singapour (copyright Roots)

 

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